Jour 10 - Retour à l’école

Créé le dimanche 8 juin 2014 17:59
 
 

 

14 jours à Diyarbakir - 14 photos d'Amed - 14 textes sur Tigranakert

Envoyé spécial de "Repair", MJM, journaliste français d'origine arménienne, a passé deux semaines dans l'actuelle capitale du sud-est anatolien, à Diyarbakir (Amed en kurde et Tigranakert en arménien) pour partir à la rencontre du passé, du présent et du futur des Arméniens qui étaient des milliers à peupler cette ville avant le Génocide de 1915. Au fur et à mesure de ses pérégrinations, MJM nous fait partager ses rencontres avec des lieux, des femmes, et des hommes dont l’histoire est liée, d’une façon ou d’une autre, avec les Arméniens.

Ce photoreportage date de mai 2013, certaines situations évoquées dans ces articles ont évoluées depuis.

Jour 10 - Retour à l’école          

Depuis deux ans ont lieu des cours d’arménien au centre "Cegerxwin Kültür Ve Sanat" de Diyarbakir. Dispensés par Kévork, un Arménien originaire de Sassoun installé à Istanbul, ils attirent plus d’une soixantaine de personnes, des Arméniens musulmans pour la plupart. « Quelques Kurdes ont bien assisté à deux ou trois cours, mais ils ne sont plus jamais revenus. Ils ont dit que c’était trop difficile » assure le professeur en riant.

« Parev, intchpessès ? Lav es ?/Bonjour, comment vas-tu ? Tu vas bien ? » Il est 18h40 et déjà, les premiers élèves se réunissent autour de Kévork, costume sobre impeccable et lunettes argentées sur le nez, qui, trois fois par semaine enseigne dans cet immense centre. Ce jour-là, on dénombre seulement une quinzaine de personnes présentes. Jeunes et moins jeunes participent activement, répondant du tac au tac aux questions du professeur, lisant en arménien les phrases que Kévork a écrites au tableau dans l’alphabet de Mesrop Machtots, puis repassant au turc pour demander une précision sur tel ou tel point. La langue a toujours été un pilier de la culture et de l’identité arménienne et voir ces personnes - descendants d’Arméniens islamisés de force pour la plupart - renouer avec leur arménité a quelque chose d’émouvant et de très symbolique. N’est-ce pas là le premier pas le plus important vers un retour à l’arménité ? Combien d’Arméniens de la Diaspora regrettent-ils de ne pouvoir parler leur langue et combien trouvent la motivation pour prendre des cours pour combler ce manque ?

La prochaine étape de cette « ré-arménisation » sera donc un voyage en Hayastan (Arménie) comme le souhaite ardemment Ğäfur Türkaï, l’un des responsables de la Fondation arménienne de Diyarbakir. « Depuis un an, je souhaite amener les élèves du cours d’arménien en Arménie. C’est très important qu’ils puissent se rendre là-bas et découvrir ce pays » explique ce dernier. « Mais, malheureusement, nous manquons de fonds pour entreprendre un tel voyage » déplore-t-il. Âmes généreuses et compréhensives, vous êtes prévenues !



Journaliste et photographe freelance de 30 ans, MJM a travaillé pour divers journaux et magazines. Depuis quelques années, il développe également son regard à travers des reportages photo pour l’ONG "Yerkir Europe" en Arménie et en Turquie. Un aperçu de son travail est visible sur son site Internet, www.mjm-wordsandpics.com.